L’OEIL, ORGANE COMPLEXE

Les yeux sont des organes complexes et importants. La vision est différente selon les espèces. Les chiens ne voient pas toutes les couleurs que nous voyons. Ils sont dichromates avec seulement 2 types de cellules en cône dans la rétine contre 3 chez l’homme, et voient le monde en teintes bleue et jaune.

 

Homme

Longueur d’ondes en nanomètres

Chien

Les chiens et chats sont des prédateurs et n’ont pas besoin de faire la différence entre les différentes couleurs.

En ce qui concerne l’acuité visuelle à la forme, c’est à dire la possibilité de distinguer dans le détail les contours d’un objet, les humains ont un avantage sur les chiens et les chats. Par ailleurs, l’accommodation étant peu performante chez le chien, la vision de près est meilleure chez l’homme.

Par contre les animaux ont un avantage pour la perception du mouvement, une aptitude qui les aide à localiser les proies. Si les chiens ont du mal à voir un objet proche, ils peuvent percevoir un mouvement jusqu’à 800 mètres, même un mouvement de faible amplitude.

Le champ de vision dépend de la race. Certains chiens ont un champ de vision de 200 degrés. Les chiens et chats ne voient pas mieux que nous dans la nuit noire. Par contre ils voient beaucoup mieux dans la pénombre jusqu’à 8 fois mieux chez le chat car ils ont plus de bâtonnets au niveau de la rétine. Ils ont donc besoin de moins de lumière pour collecter une image utilisable par le cerveau.

Il faut aussi considérer les avantages que possèdent les chiens et les chats avec l’intégration de la vue avec d’autres sens comme l’ouïe et l’odorat. Ils entendent et sentent mieux et donc ils ont moins besoin de la vision pour naviguer dans le monde. Néanmoins la vision reste importante et il faut être vigilant car les chiens et chats peuvent ne pas montrer de signes qu’ils sont en train de perdre la vue avant qu’il ne soit trop tard pour intervenir. 

L’œil et ses annexes : anatomie et physiologie

 

Les annexes de l’œil

Les paupières, repli musculo-membraneux qui assurent la protection de l’œil ;

La troisième paupière bien développée chez le chien, elle étale et repartit le film lacrymal uniformément sur la cornée ;

La tunique conjonctive, membrane transparente qui revêt l’intérieur des paupières et une partie du globe oculaire ;

Les glandes lacrymales qui secrètent le film lacrymal indispensable au fonctionnement normal de l’œil. Ce film a plusieurs rôles : un rôle protecteur mécanique et immunologique et un rôle nourricier, il prévient le dessèchement de la cornée ;

Les muscles oculomoteurs, peu développés chez le chien ils assurent la mobilité du globe oculaire.

 

 

Le globe oculaire

En plus du nerf optique l’œil est constitué par 3 membranes et 3 milieux transparents : 

 

    • Les membranes de l’œil

La coque cornéo-sclérale ou tunique fibreuse est la membrane la plus externe, elle confère rigidité, élasticité et résistance à l’œil. En avant la cornée, transparente est le premier dioptre oculaire traverse par la lumière. En arrière la sclérotique, fibreuse et solide  occupe 4/5 de la coque cornéo-sclérale.

L’uvée ou tunique vasculaire de l’œil est constituée de 3 parties. En avant l’iris est un diaphragme variable  avec un orifice central la pupille. Le corps ciliaire, intermédiaire, joue un rôle dans la sécrétion de l’humeur aqueuse et la régulation de la pression intraoculaire. Une partie du corps ciliaire, le muscle ciliaire, organe actif de l’accommodation est peu développé chez le chien ce qui explique la marge étroite de l’accommodation pour cette espèce et sa presbytie naturelle. Enfin en arrière la choroïde, très vascularisée est la membrane nourricière de l’œil.

La rétine, membrane la plus interne de l’œil  est un tissu neurosensoriel de structure complexe avec notamment des photorécepteurs, les cônes et bâtonnets. Elle  capte les rayons lumineux, transforme les images en signaux électrochimiques pour les transmettre au système nerveux central par le nerf optique.  La rétine du chien et du chat est très adaptée à la vision crépusculaire.

 

 

    • Les milieux transparents

 

L’humeur aqueuse est un milieu liquide limpide produit par les corps ciliaires et résorbée dans l’angle irido-cornéen. Elle joue un rôle important dans la régulation de la pression oculaire, tout entrave à son drainage entraine une hypertension de l’œil ou glaucome.

Le corps  vitré est un milieu sous forme de gel en arrière du cristallin qui occupe plus de 60% du volume du bulbe oculaire.

Le critallin, lentille convergente de l’œil, est un milieu solide placé derrière l’iris et la pupille qui joue un rôle important dans la vision. Rigide chez le chien il se prête mal à l’accommodation. Son métabolisme dépend des milieux environnant comme l’humeur aqueuse.

Les principales maladies de l’œil chez le chien et le chat

 

Les yeux sont des organes sensibles. Le vieillissement comme les corps étrangers sont des causes majeures de pathologie oculaires. 

    • Les blépharites et conjonctivites 

Les paupières protègent le globe oculaire. Il est donc important de traiter les  inflammations des paupières ou blépharites qui affectent la couche externe des paupières.

Les origines possibles sont nombreuses et souvent liées à des affections dermatologiques comme des parasites (demodex, gales),  des levures (teignes, Malassezia), des pyodermites (Staphylococcus) ou des allergies.

Les signes cliniques varient en fonctions des cas : prurit, rougeur, dépilation, présences de croutes et pustules, épaississement de la paupière. Un écoulement purulent peut entrainer une fermeture de l’œil. Parfois le chien peut être amené à se frotter l’œil. Des signes oculaires comme la conjonctivite sont souvent associés aux blépharites avec une rougeur de l’œil, un larmoiement et un blépharospasme.

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Le traitement vise à supprimer la cause : antiparasitaires, antifungiques, antibiotiques, traitement des allergies, anti-inflammatoires. Quel que soit le traitement il est très important de bien nettoyer l’œil régulièrement pour éliminer les croutes ou décharges purulentes. L’utilisation de lingettes à usage unique est recommandée.

 

 

                                  

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La conjonctivite est l’inflammation des conjonctives palpébrale (à la surface interne des paupières)  et/ ou bulbaire (sur une partie du globe oculaire) et/ou de la membrane nictitante (troisième paupière). Les causes possibles des conjonctivites peuvent être des bactéries, des virus, un corps étranger ou une allergie.

Le principal signe clinique est une rougeur de l’œil surtout visible au niveau de la conjonctive bulbaire. Cette rougeur peut s’accompagner d’un jetage séreux, muqueux ou purulent avec une douleur modérée. La conjonctivite peut être aigue ou chronique.

 Le traitement vise aussi à éliminer la cause (extraction du corps étranger, antibiotique..). Comme dans le cas des blépharites, il faut bien nettoyer l’œil régulièrement à l’aide de lingettes à usage unique pour éliminer les décharges et permettre aux médicaments prescrits de bien pénétrer l’œil pour être efficace.

    • La kératoconjonctivite sèche

La kératoconjontivite sèche ou KCS est une inflammation de la cornée et des conjonctives consécutive à la suppression importante des secrétions lacrymales. Elle révèlent l’importance de ces secrétions qui assurent la protection, la nutrition et le bon fonctionnement de l’œil. 

Les origines sont multiples : dysfonctionnement immunitaire qui détruit les glandes lacrymales, diabète, traitement par certains médicaments, suites d’infection, chirurgie oculaire, allergies. Certaines races sont prédisposées, surtout des chiens de petites races (Caniche, Teckel à poils courts, Cavalier King Charles, Schnauzer nain, Pinscher nain, Yorkshire terrier et Chihuahua) et les chiens brachycéphale (Bouledogue français et anglais, Carlin).

Les signes cliniques sont une conjonctivite : œil rouge avec la présence de sécrétions muqueuses ou muco-purulentes, une cornée terne et dépolie avec une surface irrégulière et parfois des ulcères. L’œil est douloureux et l’ouverture palpébrale réduite. La truffe peut être  sèche et crouteuse en raison de  l’absence de larmes. Un test simple, le test de Schirmerpermet de quantifier la production lacrymale. Le test se fait à l’aide d’une bande de papier filtre étalonnée. La bande est pliée, placée dans le cul de sac conjonctival inférieur au voisinage de son tiers temporal et laissée en place une minute. Le nombre de millimètres du papier qui ont été mouillés par les larmes à partir du repère mesure la quantité de larmes produites.

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Un traitement spécifique permet de contrôler la cause comme le dysfonctionnement immunitaire ou le diabète. En cas d’infection un traitement antibiotique est nécessaire. Le nettoyage de l’œil à l’aide de lingette individuelle permet le maintien de l’hygiène locale.  Pour contrôler la sècheresse et soulager la douleur l’instillation d’un collyre protecteur de la cornée, de larmes artificielles ou de lubrifiants oculaires constitue une part essentielle du traitement. Enfin des compléments alimentaires à base de vitamines, d’oligoéléments, d’oméga 3 et 6 et de  lactoferrine améliorent la production et la composition des secrétions lacrymales.

 

  • La cataracte

La cataracte est la cause de cécité la plus fréquente chez le chien. Elle se définie par une opacification totale ou partielle du cristallin.

Certaines cataractes sont héréditaires et peuvent se produire dès la naissance et jusqu’à l’âge de 5 à 7 ans. Certaines races de chiens sont plus sujettes que d’autres à ce problème : le Cocker anglais, le Caniche, le Schnauzer, le Fox-terrier, le bichon frisé, le husky de Sibérie, le malamute de l’Alaska, le labrador retriever, le pékinois, le Shih Tzu, le Lhassa Apso, le Bouledogue français et le Berger allemand. Chez le chat, les races les plus touchées sont le chat sacré de Birmanie, le Persan et le Bleu russe. D’autres cataractes sont acquises suite à une maladie métabolique comme le diabète, un choc traumatique, une pathologie oculaire associée comme l’uvéite, un problème nutritionnel (déficience en vitamine B) ou la prise d’un médicament comme les corticostéroïdes. Dans ce cas il n’y a pas de prédisposition liée à la race mais la cataracte est plus fréquente chez les chiens et chats âgés.

La formation de la cataracte est lente. L’œil présente des taches ou une grande tache blanche ou bleue. En perdant la vue, le chien souffre d’insécurité. La cataracte peut aussi se compliquer par d’autres affections comme la luxation du cristallin ou le glaucome.

Le traitement de la cataracte est l’intervention chirurgicale pour retirer le critallin. Mais d’une part, tous les chiens ne sont pas opérables et d’autre part, il existe des traitements non chirurgicaux , qui – sans guérir définitivement les animaux – peuvent aider à  améliorer ou à ralentir le processus de cataracte.

Une alimentation équilibrée est primordiale. En plus, l’apport de vitamines aux propriétés antioxydantes (Vitamine A, C, E, B1, B2, B3, B5, B6, B8, B9 et B12) et de minéraux (zinc et calcium) peut ralentir la progression de la cataracte. Des extraits de plantes avec de la lutéine et de la zéaxanthine sont également recommandés pour réduire la progression de l’opacification  de même que la lactoferrine pour ses activités anti-inflammatoires.

 

  • Les maladies de la rétine

L’atrophie progressive de la rétine

Il  s’agit d’un groupe de maladies dégénératives qui affectent les cellules photo réceptrices. Il existe 2 formes d’atrophie chez le chien : une précoce congénitale, la dysplasie rétinienne  qui affecte les jeunes chiots à l’âge de 2 à 3 mois principalement les races suivantes : Setter irlandais, Colleys , Elkhound, Schnauzer miniature, Berger belge. Une autre forme qui affecte les chiens adultes entre 3 et 9 ans survient chez les races suivantes : Caniche nain et miniature, Cocker spaniel et américain, Labradors, Terrier tibétains, Teckels à poils longs, Akita, Papillon, et Samoyède. Chez le chat l’atrophie s’observe chez  l’Abyssin, le Siamois, l’Ocicat, l’Oriental et  le Bengal .

Un des premiers signes est une perte de la vision nocturne. La maladie évolue progressivement  vers une cécité partielle ou totale en quelques mois ou quelques années. Le diagnostic est établi par le vétérinaire par un examen du fond de l’œil et une électrorétinographie.

Il n’existe pas de traitement chirurgical ou pharmacologique efficace. Le traitement est palliatif : une bonne alimentation associée à un exercice régulier et la prise de compléments alimentaires à visée ophtalmologique. Ces compléments doivent contenir des oméga 3 ( le DHA est un constituant essentiel de la rétine) des antioxydants (Vitamine C et E), des vitamines du groupe B (B6, B9, B12), des minéraux (zinc),  de la lutéine et zéaxanthine pour les atrophies liées à l’âge.

 

Le décollement de rétine

Il s’agit de la séparation de la couche neurosensorielle interne avec les couches sous jacentes de l’œil (épithélium pigmentaire et choroïde). Le décollement est souvent brutal et il peut être complet ou partiel avec ou sans déchirure. Il fait suite à un traumatisme, une opération de la cataracte, une infection mycosique,  une prédisposition génétique, une hypertension artérielle ou une inflammation.

Les symptômes sont souvent vagues mais d’apparition soudaine. Le chien ou le chat se déplace avec précaution, butte contre les obstacles. Le diagnostic se fait par un examen du fond de l’œil  associé à des examens complémentaires comme l’échographie oculaire ou l’électrorétinographie.

Le traitement est d’abord celui de la cause lorsqu’elle connue : médicaments antifongiques, hypotenseurs…. La chirurgie peut être indiquée mais le pronostic dans tous les cas est réservé.

 

L’hémorragie de la rétine

Elle est fréquente chez le chat âgé avec une hypertension causée par une maladie rénale chronique ou une hyperthyroïdie. Elle se manifeste par un décollement de rétine et des hémorragies rétiniennes et vitréennes. Le contrôle de cette rétinopathie se fait par des médicaments hypotenseurs comme l’amlodipine par voie orale et à vie.

 

  • Le glaucome

 

Le glaucome est une hypertension du globe oculaire liée à une augmentation de la pression exercée par l’humeur aqueuse. Le glaucome peut être primaire et héréditaire et affecte des races comme le Chow-Chow, le Shar Pei, le Cocker américain, le Basset Hound et le Boston terrier. Une malformation des structures qui permettent à l’humeur aqueuse de s’écouler hors de l’œil est responsable de cette affection et il sont qualifiés de glaucome à « angle fermé ». Le glaucome se manifeste souvent brutalement à l’âge de 5 à 12 ans. Le glaucome peut être aussi secondaire suite à une maladie oculaire comme la cataracte, la luxation du cristallin, les tumeurs intra oculaires, les hémorragies intraoculaires, les décollements de rétine, les uvéites. Ils peuvent aussi résulter d’une intervention chirurgicale.

Les symptômes du glaucome sont les suivants : perte de vision, douleur très vive, rougeur de l’œil, iris en mydriase de façon constante, diminution de l’ouverture des paupières, larmoiement. La cornée perd sa transparence et prend un aspect nuageux.                                                        

Il est indispensable de faire des examens ophtalmologiques complémentaires pour déterminer le traitement. La pression intraoculaire est mesurée à l’aide d’un tonomètre pour déterminer la gravité du glaucome. Les valeurs normales sont entre 7 et 24 mm Hg. La gonioscopie permet d’examiner l’angle irido-cornéen par lequel s’écoule l’humeur aqueuse et donc d’établir un diagnostic étiologique de glaucome primaire ou secondaire à angle ouvert ou fermé qui guidera la conduite thérapeutique.    

                              

                                                                         

                                                                      Tomométrie                                                                                                  Gonioscopie

Le traitement est médical, chirurgical et complémentaire. Le traitement médical dépend du diagnostic étiologique : ouverture de l’angle irido-cornéen par utilisation de myotiques comme la pilocarpine, diminution de la production d’humeur aqueuse par des bêtabloqueurs comme le timolol, utilisation d’agent osmotique comme le  mannitol. La gestion thérapeutique passe aussi par la chirurgie visant soit à améliorer la filtration par pose d’un gonio-implant, soit à diminuer la sécrétion de l’humeur aqueuse par destruction de la structure productrice, le corps ciliaire et ses procès ciliaire (cyclodestruction).     


Une bonne nutrition associée à des compléments alimentaires contenant des vitamines du groupe B (B3, B9, B12) et des extrait de plantes comme le Ginko biloba (antioxydant, neuroprotecteur, anti-inflammatoire, anti-thrombique et anti- vasospastique) ou la myrtille (amélioration de la vue) améliore la gestion du glaucome.

Dans la plupart des cas le pronostic à long terme est réservé, le glaucome est souvent une maladie progressive et incurable.   

 

  • L’intérêt des aliments complémentaires à visée ophtalmologique.

 

Le vieillissement oculaire apparait avec l’âge et en cas d’alimentation insuffisante ou déséquilibrée. L’œil subit de multiples agressions :  luminosité du soleil , exposition à l’air pollution, pollen… . Les rayons UV par exemple sont responsables de la production de radicaux libres à l’origine de dommages cellulaires au niveau de la rétine, du cristallin et d’autres structures de l’œil.

Les aliments complémentaires sont à utiliser dans le cadre d’une alimentation saine et équilibrée et d’un mode de vie sain.  En plus d’extraits de plantes spécifiques à certaines pathologies (anthocyanosides de la myrtille, Ginko biloba), trois classes d’actifs sont scientifiquement validés dans la lutte contre le vieillissement oculaire et l’amélioration de la vision :

  • les oméga 3 et plus particulièrement le DHA sont des constituants majeurs des photorécepteurs de la rétine. Ils permettent le renouvellement et la protection des photorécepteurs et assurent une bonne acuité visuelle.
  • Les caroténoïdes comme la lutéine et la zéaxanthine sont naturellement présents au niveau de l’œil. Non synthétisés par l’organisme, ils doivent être apportés par l’alimentation. Ce sont des antioxydants naturels.
  • Les vitamines et minéraux comme la vitamine C , E et le zinc protègent les cellules du stress oxydatif. Leur rôle bénéfique sur la neutralisation des radicaux libres est décrit dans la littérature scientifique.

Article écrit par :

Serge Martinod

Docteur Vétérinaire / Titulaire du CES d’ophtalmologie

Emilie - ArcaNatura

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