LA KÉRATOCONJONCTIVITE SÈCHE

La kératoconjonctivite sèche (KCS), aussi connue sous le nom de syndrome de l’œil sec, est une maladie qui consiste en un déficit de quantité de larmes produites et/ou  une détérioration de la qualité du film lacrymal. Il s’agit d’une affection commune avec une incidence annuelle comprise entre 0.3 et 1.52%. Il existe plusieurs causes de KCS chez le chien et le chat :

  • Réduction de la production de larmes ou une sécrétion inadéquate de celles-ci
  • Évaporation excessive de larmes chez les races brachycéphaliques
  • Instabilité du film cornéen due à une déficience qualitative ou quantitative dans la couche lipidique ou mucinique du film

Malheureusement, cette réduction en production de larmes ou altération du film lipidique  produit une inflammation de la cornée qui peut avoir des conséquences graves pour l’œil et la vision.  

 

Les larmes et le film lacrymal

La KCS est en fait une pathologie de l’appareil lacrymal. Ce dernier se compose de structures sécrétoires (glandes lacrymales, glandes de Meibomius  et  cellules caliciformes) qui produisent le film lacrymal et d’un système de drainage qui excrètent les fluides (voies lacrymales constitués de points lacrymaux, canalicules lacrymaux, sac lacrymal et conduit naso -lacrymal)

 

Le film lacrymal est composé de 3 couches : une couche externe lipidique, une couche moyenne aqueuse et une couche profonde muqueuse. Le film lacrymal assure plusieurs fonctions : lubrification, protection, nutrition, nettoyage de la cornée  et aide au glissement des paupières sur la cornée. Il contient aussi des facteurs de croissance, immunoglobulines, lysozymes, lactoferrine et autres composés qui participent à la défense de l’œil contre les bactéries. Lors de défauts de sécrétion des larmes ces fonctions ne sont plus assurées et les symptômes de KCS apparaissent.

 

Étiologie de la KCS

Il existe plusieurs causes de KCS résumées dans le tableau ci-dessous :

Races
Prédisposition de race Caniche

Cocker

Bedlington Terrier

Yorkshire Terrier

West Highland White Terrier

Chiens brachycéphales : Shi Tsu, Pékinois, Lhassa Apso Bull dog, Cavalier King Charles

Vieillissement Dégénérescence des glandes lacrymales avec le temps
Déséquilibre endocrinien Diabète

Syndrome de Cushing

Infectieuses Maladie de Carré

Leishmaniose

Médicamenteuses Emploi prolongé de sulfamides

Atropine

Anesthésiques locaux

Antiépileptiques ( Felbamate)

Neurologiques Paralysie de certains nerfs faciaux
Traumatiques
Radiation
Immunitaire Cause la plus fréquente : maladie auto-immune

avec inflammation associée qui détruit les glandes lacrymales

Cocker américain

Saint Hubert

Boston Terrier

Cavalier King Charles

Bouledogue anglais

Cocker anglais

Epagneul

Lhassa Apso

Schnauzer nain

Pékinois

Carlin

Samoyède

Shih Tzu

West Highland White Terrier

Yorkshire Terrier

 

 

Symptômes

 

Ils dépendent du stade de la maladie :

  • Stade initial : œil rouge avec un décharge muco-purulente qui donne à l’œil un aspect sale, blépharospasme, douleur ;
  • Stade intermédiaire : décharge de mucus intense, opacification de la cornée, développement de petits vaisseaux à la surface de l’œil ;
  • Stade final : Fibrose, pigmentation, présence d’ulcères cornéens récurrents avec possibilité de perforation.

Pour un diagnostic de KCS le vétérinaire pratique le test de Schrimer qui permet de quantifier la production lacrymale. Le test se fait à l’aide d’une bande de papier filtre étalonnée. La bande est pliée, placée dans le cul de sac conjonctival inférieur au voisinage de son tiers temporal et laissée en place une minute. Le nombre de millimètres du papier qui ont été mouillés par les larmes à partir du repère mesure la quantité de larme produite.


 

Gestion de la KCS

 

 

Avant la mise en place du traitement une recherche de la cause doit être entreprise par le vétérinaire.

Traitement hygiénique

Le but cette partie du traitement est de maintenir l’œil propre et d’éliminer toute décharge muco-purulente. L’utilisation de lingettes à usage unique (une par œil) constitue la meilleure solution. Cette partie du traitement est essentielle.

 

Traitement médical

Le but de ce traitement est d’éliminer la cause, restaurer le film lacrymal, stimuler la production de larmes, contrôler les infections bactériennes et réduire l’inflammation.

  • Instillation de larmes artificielles : au minimum 6 fois par jour pour remplacer les larmes normalement produites par les glandes lacrymales
  • Application deux fois par jour d’une pommade immunosuppressive à basede cyclosporine. Cette molécules stoppe le processus de destruction auto-immun  des glandes lacrymales, stimule la production de larmes et limite l’inflammation
  • L’administration de collyres ou pommades antibiotiques et antiinflammatoires peut être associée aux traitements précédents.

Traitement chirurgical

En cas d’échec du traitement médical une chirurgie est parfois nécessaire. La déviation d’un canal salivaire au niveau de l’œil peut assurer une humidification de la cornée. L’œil peut aussi être fermé temporairement pour faciliter la cicatrisation d’un ulcère cornéen. Enfin des zones pigmentées peuvent être retirées chirurgicalement. 

Traitement complémentaire

La nutrition joue un rôle important dans la prévention et la gestion des affections oculaires. Vitamines , minéraux , caroténoïdes et oméga 3 ont prouvés leurs utilités dans plusieurs maladies de l’œil (Brown et al 1998 Nature 12 : 127-133). Plusieurs études supportent leur utilisation dans la KCS.

Lactoferrine

La lactoferrine est une glycoprotéine présente dans les larmes. Elle a plusieurs fonctions ci-inclus anti-inflammatoire, antibactérienne, anti-angiogénique, anti-tumorale  et anti-oxydante. Elle supporte aussi la croissance cellulaire. Des études ont démontré une corrélation entre des concentrations basses en lactoferrine dans les larmes et la KCS (Danjo et al 1994 Acta Ophthalmologica 72 : 433-437).

L’administration de lactoferrine par voie orale pendant 6 mois à des souris âgées  a permis le maintien de la fonction des glandes lacrymales par une activité anti-oxydante mesurée par des indicateurs de stress oxydatif dans le sérum, et antiinflammatoire mesurée par une réduction de l’expression de TNF-a dans la conjonctive  ( Kawashima et al 2012 PLoS ONE 7 (3) : e33148). Un essai clinique randomisé et contrôlé  chez des patients présentant une KCS après chirurgie de la cataracte avec administration de lactoferrine par voie orale après la chirurgie a permis d’observer une amélioration de la qualité du film lacrymal et une réduction des symptômes cliniques de KCS (Devendra J. and Singh S. 2015. J. Clin. Diag. Res. 9 : N06-N09). Par ses propriétés anti-oxydante, anti-inflammatoire, hygroscopique et en tant que chélateur du fer il a été suggéré que la lactoferrine est un candidat idéal pour contrer les effets de l’âge sur le film lacrymal (Rusciano et al 2018 Ophthalmic res. 60 : 94-99).

Oméga 3

Une étude impliquant plus de 32000 femmes a démontré une association entre une carence en oméga 3 dans la nourriture et le syndrome de l’œil sec (Miljanovic et al 2005 Am. J. Nutr. 82 : 887-893). Lors d’un essai clinique randomisé et contrôlé l’administration de 450 mg d’EPA, 300 mg de DHA et 1000 mg d’huile de lin àdes patients atteints de KCS a amélioré la production et le volume de larmes ( Wojtowicz et al 2011 Cornea 30 :308-314). Lors d’un autre essai clinique contrôlé  la prise journalière par voie orale de 945 mg d’EPA et 510 mg de DHA  a permis un réduction des symptômes de KCS, une amélioration de la stabilité du film lacrymal et une diminution du taux de la cytokine pro-inflammatoire IL-17 ( Deinema et al 2016 Ophthalmology)  124 : 43-52). 

Chez des chiens atteints de kératoconjontivite sèche, un traitement par voie orale de DHA et EPA pendant  6 mois a permis une amélioration de l’efficacité  d’un traitement local avec du tacrolimus 0.03% ( Silva et al 2018 Arq Bras Oftalmol.81: 421-428).

Antioxydants

Chez des patients présentant des signes de KCS l’administration par voie orale pendant 30 jours d’un mélange de vitamines (A, E, C, D, B1, B2, B12, K) et de minéraux ( Zinc, Fer, Cuivre, Manganèse, Chrome)  a  améliorer la stabilité du film lacrymal et la santé de la conjonctive (Blades KJ, Patel S and Aidoo KE  2001 Eur. J. Clin. Nutr. 55 : 589-597). Un complément alimentaire contenant des vitamines (C, PP, B1, B2, B6, B9, E) et des extraits de plantes à activité anti-oxydantes a stabilisé le film lacrymal,  augmenté la production de larmes et amélioré les signes cliniques chez des patients atteints de KCS après 12 semaines lors d’une étude clinque randomisée et contrôlée (Drouault- Holowacz et al 2009 Eur. J Ophthalmology 19 : 337-342). Enfin la prise journalière par voie orale par des patients atteints de KCS d’un complément alimentaire contenant des vitamines (A, C, E) et des extraits de plantes à activité anti-oxydante a augmenté la production de larmes et amélioré la stabilité du film lacrymal en réduisant la quantité de radicaux libres oxygénés dans les larmes (Huang et al 2016 Clinical Ophthalmology 10 : 813-820). 

 

Association de compléments alimentaires

La supplémentation avec un produit contant de la lactoferrine , des oméga 3, des vitamines C et E, du zinc et un probiotique a atténué le diminution de la production de larmes chez des rats atteints de KCS et amélioré les symptômes cliniques chez des patients atteints de KCS par rapport à des placebos après 8 semaines de traitements journaliers. (Kawashima et al 2016 The Ocular Surface 14 : 255-263).

Tous ces exemples illustrent bien l’utilité des compléments alimentaires à visée ophtalmique dans la gestion de la KCS.

 

 

En collaboration avec les laboratoires Böthmen Pharma, ArcaNatura® propose un complément alimentaire à visée ophtalmologique pour la gestion de la kératoconjonctivite sèche chez les chiens et les chats. La composition du produit est basée sur l’expérience scientifique acquise depuis de nombreuses années chez l’homme, les animaux de laboratoires et le chien. Les meilleurs résultats sont obtenu lors d’utilisation journalière et  prolongée du produit. Il se présente sous forme liquide ou en comprimés.

 

 

 

Article écrit par :

Serge Martinod

Docteur Vétérinaire / Titulaire du CES d’ophtalmologie

 

Emilie - ArcaNatura

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