Les antibiotiques : ce n’est pas automatique non plus pour nos chiens et nos chats

La vitesse d’apparition de bactéries résistantes aux antibiotiques est alarmante dans le monde entier. La principale raison est une utilisation effrénée d’antibiotiques. La recherche scientifique en matière de nouvelles molécules marque le pas et l’efficacité des antibiotiques existants diminuent. Il est donc urgent d’en réduire l’utilisation pour prolonger leur efficacité.  A grands renforts de campagnes de communication  comme « les antibiotiques, c’est pas automatique », nous avons amorcé une légère baisse de la consommation d’antibiotiques chez nous, moins 15% en 10 ans . En revanche, dans le même temps,  la consommation  d’antibiotiques chez nos animaux de compagnie a augmenté de 81% en France.  Ceci n’est pas sans risque ni pour eux ni pour nous. Il nous faut absolument changer notre façon de traiter les infections bactériennes de nos chiens et de nos chats.

Lorsqu’on utilise un antibiotique sur une population bactérienne sensible,  il est tout d’abord efficace puis son utilisation se répétant et se prolongeant, des bactéries résistantes apparaissent. D’une part l’antibiotique va tuer les bactéries les plus sensibles et sélectionner  les plus fortes qui vont se multiplier. D’autre part, certaines bactéries mutent  et développent un mécanisme de résistance à l’antibiotique, comme par exemple la production d’enzymes qui peuvent le détruire. Les bactéries résistantes ont une capacité extraordinaire : celle de transmettre cette propriété de résistance aux autres bactéries, en transférant du matériel génétique  sous forme de particules appelées des plasmides. La résistance à l’antibiotique se répand comme une trainée de poudre.

Nos animaux sont sujets à des infections bactériennes. Certaines sont de courte durée,  d’autres plus prolongées comme les pyodermites (infections de la peau) et d’autres répétitives comme les otites.  Du fait de l’abus d’utilisation d’antibiotiques chez nos compagnons, il est de plus en plus fréquent de trouver des Staphylococcus aureus,  les bactéries responsables des pyodermites chez le chien notamment, résistantes à des antibiotiques importants comme la méthicilline. Chez le chat, les Bordetella  bronchiseptica, bactéries responsables d’infections respiratoires  sont devenues très résistantes à l’ampicilline. Le traitement de ces infections devient compliqué voire impossible

Nous vivons en contact très étroit avec nos chiens et nos chats que nous adorons. Nous pouvons leur transmettre certaines de nos bactéries et vice versa.  Des études récentes montrent que des mêmes bactéries étaient présentes au sein d’un foyer à la fois chez les membres de la famille et chez leurs animaux, comme des Escherichia coli ou des Campylobacter jejuni.  Comme pour nous, nous devons être très prudents dans l’utilisation des antibiotiques afin de ne pas sélectionner des bactéries résistantes qui feraient peser un risque sanitaire à la fois pour eux  et pour nous.  Or les chiffres d’évolution depuis dix ans semblent montrer que nous exposons  nos chiens et nos chats à de plus en plus d’antibiotiques. Nous leur donnons en moyenne 2,17 traitements d’antibiotiques par an alors qu’ils en recevaient en moyenne 1,2  il y a dix ans.

Il  est  donc important d’adapter nos comportements afin de préserver l’efficacité des antibiotiques existants. Voila une liste non-exhaustive de suggestions:

  • Ne pas faire de l’automédication avec des antibiotiques
  • Discuter avec son vétérinaire et son médecin sur les différentes options  pour prévenir et traiter les infections bactériennes. Obtenir des informations claires et précises sur les risques et les alternatives possibles
  • Rapporter les antibiotiques périmés  à son vétérinaire ou à son pharmacien. Ne pas les rejeter dans l’environnement qu’ils contaminent.
  • Préférer les alternatives aux antibiotiques quand cela est possible. La phytothérapie offre des possibilités exceptionnelles non encore exploitées. Les extraits végétaux ont  en effet des composés actifs qui ont des modes d’actions plus complexes et différents de ceux des  antibiotiques. Les bactéries ont alors plus de mal à développer des mécanismes de résistances. De plus cela permet de réserver l’usage des antibiotiques à des cas très spécifiques  et ainsi de préserver leur efficacité. Consultez notre article : Aromathérapie, huiles essentielles…pour nos animaux aussi !

 

Xavier

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