Une nouvelle ère dans l’utilisation de la biodiversité à des fins médicales

 

Des modèles informatiques  originaux intégrant le rythme de découverte de nouvelles espèces permettent de prédire l’existence de 298 000 espèces de plantes sur terre.  Seulement 215 644 ont été  décrites et cataloguées (données de 2011). Si 20 000 d’entre elles sont utilisées en médecine traditionnelle, seulement 5 000 ont fait l’objet d’études scientifiques. Le potentiel qu’offre la diversité des plantes pour la recherche médicale et phytosanitaire est ainsi formidable et largement inexploré.

 

LES MÉTABOLITES SECONDAIRES DES PLANTES: UNE RICHESSE PHÉNOMÉNALE POUR LA RECHERCHE MÉDICALE

Les plantes produisent d’une part des métabolites primaires comme des sucres, des lipides  ou des acides aminés qui sont indispensables à leur développement. Et d’autre part, elles élaborent des métabolites secondaires qui jouent un rôle important dans leur physiologie et leur relation avec l’environnement. Ces métabolites secondaires leur permettent par exemple de se défendre contre des bactéries, des virus ou des insectes. Au cours de plus de trois milliards d’années d’évolution, les plantes ont patiemment élaboré une quantité incroyable de nouvelles molécules pour s’adapter aux changements d’environnements ou pour se défendre de nouvelles menaces. Le nombre de métabolites secondaires produits par les plantes est ainsi estimé à plus de 500 000, une richesse phénoménale pour la recherche médicale.

 

LES PLANTES: SOURCE AVÉRÉE DE MÉDICAMENTS

Les plantes comme source de médicaments sont une réalité. Dans certaines régions du monde en Afrique et en Asie notamment, 80% de la population dépendent de médecines traditionnelles à base de plantes pour leurs soins de santé primaire. 40% de nos médicaments actuels contiennent des molécules qui ont été extraites, copiées ou modifiées à partir de composants végétaux.  L’histoire de l’aspirine en est le parfait exemple. L’utilisation des feuilles de saule pour leur effet anti-douleur commence il y a plusieurs millénaires avec les Sumériens. Au XIX siècle, un métabolite secondaire est isolé, modifié puis synthétisé pour donner l’aspirine dont on produit actuellement plus de 30 000 tonnes par an.

L’étude de la  biodiversité permet donc d’identifier de nouvelles pistes pour la recherche médicale ou phytosanitaire. Mais depuis 25 ans est apparue une nouvelle génération de chimie combinatoire qui permet  de créer à partir d’un modèle de molécule naturel des milliers d’autres molécules apparentées pour en modifier telle ou telle propriété, comme par exemple augmenter sa capacité à se lier aux cibles ou la rendre plus résistante à la dégradation pour améliorer sa facilité d’utilisation. Ainsi grace aux progrés de l’informatique et des techniques de synthèse un seul chercheur est-íl capable de produire 50 à 100 000 nouvelles molécules par mois. La recherche s’est engouffrée dans cette voie qui lui permet de court-circuiter des centaines d’années d’évolution naturelle quitte à jouer aux apprentis sorciers.

 

LES APPRENTIS SORCIERS DE LA CHIMIE COMBINATOIRE

Le risque lié à cette approche est de produire massivement des molécules nouvelles, ressemblant plus ou moins à des molécules naturelles, dont la dangerosité pour l’homme, l’animal et l’environnement se révélera à la suite de leurs usages généralisés et prolongés. Ainsi la famille des néonicotiniques qui sont des insecticides a pour origine l’observation de l’activité insecticide des extraits aqueux de feuilles de tabac due à un métabolite secondaire. Quand la chimie combinatoire s’en est emparée, toute une série de nouvelles molécules a été produite dont l’imidaclopride largement utilisée en agriculture et en santé animale pour tuer les puces et les tiques des chiens et des chats. Les neonicotiniques étaient nés, leur utilisation  n’a fait que croître pour atteindre plus de 25% actuellement du marché, équivalent à des milliers de tonnes produites chaque année et déversées dans l’environnement. Or après 20 ans d’utilisation, ces nouvelles molécules artificielles sont maintenant fortement suspectées de perturber le système endocrinien de l’homme et des animaux et d’être beaucoup moins biodégradables provoquant une toxicité environnementale certaine et un risque de santé publique.

 

UNE RENAISSANCE POUR L’UTILISATION DE LA BIODIVERSITÉ

De son côté, l’utilisation des plantes dans la médecine traditionnelle n’est pas exempte de risque pour la bio-diversité. Une surexploitation des ressources naturelles à ces fins en Inde menacerait 1500 espèces de disparition.

Entre surexploitation des ressources naturelles et imprudence de la chimie combinatoire cherchant à imiter la nature, une autre voie est maintenant devenue possible pour l’exploration de la biodiversité à des fins médicale et phytosanitaires.  Le développement des méthodes d’analyse, incluant la biologie moléculaire, permet d’identifier rapidement et très précisément de nombreux métabolites secondaires naturels et la diversité de leur mode d’action. Des méthodes d’extraction innovantes sans solvants ont été développées, plus selectives et plus respectueuses des molécules, elles permettent d’obtenir des extraits de plantes de qualité inégalée jusqu’à présent et très supérieure aux produits naturels de première génération.  Enfin des méthodes de cultures raisonnées et performantes rendent possible l’obtention de la matière première de la plante sans mettre en danger l’espèce cultivée.

 

Des sociétés pionnières se sont engagées dans cette nouvelle voie très prometteuse, dans les secteurs phytosanitaires, cosmétiques ou pharmaceutiques. Arcanatura est l’une d’entre elles dans le domaine de la santé animale. Nous  avons lancé 10 produits issus de cette approche entre la France et les Etats-Unis et travaillons sur une nouvelle classe de produits contre les puces et les tiques.

Xavier

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